Conseils de lecture

8,90
Conseillé par (Libraire)
5 décembre 2023

"J’ai senti le portrait de ma mère dans la poche de ma chemise me réchauffer le cœur, comme si, elle aussi, était en sueur." Un voyage inouï, en quête d’un inconnu, le père, avec la mère en bandoulière, le ciel qui se déverse dans la poitrine, et le sang épais et noir de ce qui vit encore lorsque la mort vient. Tellurique, mystérieux et brûlant, comme le Mexique. Une œuvre universelle…


Les Éditions Noir sur Blanc

19,00
Conseillé par (Libraire)
5 décembre 2023

"Si les autres sont d’accord avec moi, ce doit être que je suis en train de débiter des platitudes ou des inepties". Préférant au chemin de la conviction "trop étroit", "les étendues caillouteuses de la recherche et de l’errance", Georges Steiner ne se tient pas ici à l’abri des polémiques, réinterrogeant la figure du mal jusqu’au vertige et à l’évanouissement. Ce roman sombre et fiévreux comme la jungle suintante qui en tapisse le cadre, nous plonge au cœur de ténèbres que la littérature nous a déjà rendus familiers, et nous rappelle que le genre humain est « du bois tordu », capable du pire comme du meilleur. Une immersion inattendue et décalée dans la mauvaise conscience du XXème siècle.


6,50
Conseillé par (Libraire)
5 décembre 2023

Premier titre paru aux éditions Noir sur Blanc en 1987, inaugurant ainsi l’histoire de la maison, il en reste aujourd’hui comme le porte-étendard. Un mélange de courage, d’engagement, de connivence autour de la force inouïe de la littérature, et de confiance dans la puissance des amitiés au-delà des frontières, particulièrement quand elles sont devenues infranchissables. Ces conférences sur Proust, contre la déchéance, comme les qualifie l’auteur, prononcées au camp de prisonniers soviétique de Griazowietz en 1940, font jaillir la joie au cœur du désespoir, alimentent la vitalité du combat contre l’oppression, racontent la survivance tenace de l’intelligence face à la bêtise. Nous ne soupçonnions pas la vitesse et la puissance de contagion poétique distillée par la « Recherche ». En médecin des âmes et guide éclairé, Czapski s’en empare pour nous conduire à la victoire de la vie sur la mort, et c’est à l’avènement d’un miracle que nous assistons.


Verney, J.

La Grange Batelière

18,00
Conseillé par (Libraire)
5 décembre 2023

On referme À ce soir (titre-merveille), entre souvenirs imaginaires et rêves éveillés, enfiévré. La sueur délicate qui a discrètement perlé à la racine de nos cheveux, descend invariablement dans le cou. Puis, se massant à la commissure des yeux, régalés de tant de tendres et sauvages visions, viennent des larmes, frissonnantes et incontrôlables.

Comme dans un drame lyrique ou un opéra bouffe, à la marge du sentiment pieux et véritable, dans les faubourgs hasardeux de la tragédie ou les grinçants secrets d’un carnaval, nous sommes traversés par la jouissance des retournements, emportés par le mystère des métamorphoses, à l’affût d’un choix impossible à faire entre le rêve et la réalité, ou plutôt, au cœur de ce roman dantesque et fantastique, condamné à un dilemme qu’on pressent éternel entre les faces multiples et souvent dissimulées de la réalité.

"C’est une histoire d’amour" qui aime la littérature dans la permanence de sa sensualité, tantôt se nourrissant du vigoureux érotisme des poètes de la Pléiade, prenant parfois les scabreux accents d’un certain marquis, ou alors ponctuant son aventureux déploiement de rebondissements géographiques et de poursuites haletées, empruntés aux meilleurs feuilletons populaires du XIXème. Sans abandonner pour autant la saine discipline du retour à soi, qui, nous ancrant alors dans le siècle, permet que se révèle à notre narrateur, au cœur et au corps piétinés de tant de grâces, la splendeur quotidienne de l’être aimé.

Cette périlleuse confiance en la métaphore, païenne et déliée, cette pratique presque automatique de la crédulité, trésor des humbles et des enfants (une enfance maintes fois invoquée tout au long de ce « carnet intime » de 120 pages) alimentent finalement notre émerveillement et notre reconnaissance pour un texte qui, depuis la persistance politique de ses voluptueux chemins de traverse, édifie, comme à rebours, une certaine communauté du sentiment.

L’amour est une vertu rare*, la littérature aussi.

* Thaïs, opéra de Jules Massenet, cité par J. Verney


20,00
Conseillé par (Libraire)
5 décembre 2023

"La fuite hors du monde, en des temps sombres, temps d’impuissance, peut toujours se justifier tant que la réalité n’est pas ignorée, mais constamment présente et reconnue comme cela dont il faut s’évader". Hannah Arendt, citée par Marco Martella.

Sommes-nous encore habités par cette humaine capacité à la flânerie, à la nuance légère, au pas de côté ? Sommes-nous encore éthiquement autorisés, philosophiquement capables d’aborder, candides, une simple promenade, dans un temps retiré du monde, quand vient sourdre à nos oreilles les sirènes du chaos, de l’horreur et de la confusion ? "Serait-ce par paresse", comme dirait le philosophe Denis de Casabianca, qu’on aborde les véritables ascensions ?

Il faut le croire, quand une telle proposition déambulatoire s’accompagne d’un objectif que le feu qui nous encercle rend aujourd’hui quasiment inatteignable, objectif que l’on se refuse pourtant à volontariser, récompense aléatoire, qui s’agrège au fil de notre détachement et de notre acceptation, précieuse friandise, délicieusement enveloppée, "fruit étrange de la consolation", cher à Rilke.

On pourrait dès lors s’attarder sur une homonymie, qu’un Des Esseintes n’aurait pas reniée. Est mirobolant, cet usage ironique de la merveille, est myrobolan ce fruit sauvage et oublié, commun aux prunus et badamiers qui couvrent de leurs floraisons précoces les sentiers et les jardins de curé. Seuls la curiosité, le goût de la rencontre et la foi dans la littérature rendront compte de ce décalage offert par l’image de cette simple prune astringente et desséchée, rendue pourtant comestible à tous les lecteurs et jardiniers par sa puissance de révélation.

C’est donc depuis la vision étrange et inédite de cette épaisse floraison blanche et sucrée, chassée dans la morne Brie par son arpenteur le plus amoureux et le plus étranger — notre jardinier ayant délaissé les collines de Toscane pour l’horizon sans limite de ses champs cultivés — que s’ouvre ce journal de rencontres, cette suite de haltes en compagnie d’êtres suspendus, magiques et attachants, veilleurs silencieux, gardiens parfois facétieux des mots, des cycles et des bordures. Ici, c’est Beckett que l’on traque jusque devant la façade anonyme de son morne pavillon à Ussy, là c’est Proust que l’on invoque, à Saint-Loup (autre homonymie), dans les méandres du jardin voluptueux de Violet Trefusis, extravagante maîtresse de Vita Sackville-West. Et puis c’est autant de Ferdinand Cheval que d’inconnus mémorables que nous surprendrons dans leurs "environnements spontanés et chimériques", scribes attachés à rendre compte de l’écoulement patient du temps, facteurs des archives secrètes et des transmissions cachées, fantômes, ou passagers clandestins parfois, héritiers malheureux des furieuses transformations du monde.

"… parce que quand je me mettais à jardiner, la vie, pour une raison que je n’avais jamais comprise, me paraissait une chose simple".
Marco Martella est jardinier, c’est-à-dire écrivain.