Paris-Auschwitz-Paris

La nuit qui vint, le médecin S.S. bouscula dans son entrée royale nos cauchemars pour y glisser sa propre personne. Je ne dormais pas, je somnolais d'un mauvais sommeil, frileux et attentif. Fusskontrol ! Les étagères de bois où nous dormions craquelèrent dans une cacophonie de négrier trébuchant de sommeil à l'alerte maximum. Le kapo se promène maintenant dans ce placard moisi qu'est notre dortoir. Au garde-à-vous, des pieds se sont extirpés de leur rangement, pour la preuve. Une ou deux paires sont restées horizontales, muettes. Celui-ci, celui-là et ces autres ont les pieds sales ! Comment ? Des pieds sales ? Ici ? Ils ne savent pas s'ils tiennent sur leurs jambes mais leurs pieds courent au signal de la cravache, courent dehors, dans la terre, se laver à l'eau gelée qu'on casse. Ils reviennent, leurs pieds sont sales. Ils repartent. Et le cirque n'a pas de fin, semble-t-il. Il a une solution. Puisque tu es incapable d'avoir les pieds propres, tu feras du sport.