L'année pensionnaire

Isabelle Lortholary

Gallimard

  • Conseillé par
    3 juin 2016

    Depuis ses sept ans, la narratrice passe son année scolaire dans un pensionnat appelé "l’Institut" non loin de l’Espagne : "Nous venions de l'Europe entière, (…) l'Institut avait bonne réputation ainsi que l'air et l'eau des montagnes, propices à l'épanouissement des natures sensibles (c'est de cette manière que l’on qualifiait nos petites personnes, frappées d'une de ses maladies qui n'existent pas sinon dans l'idée que se font les parents et les éducateurs des jeunes filles "dans la norme" ; natures sensibles, l'expression servait à masquer nos difficultés d'adaptation au système scolaire et nos échecs dans les écoles publiques)". Désormais âgée de quatorze ans, rompue au fonctionnement de l’institut et à ses règles, une nouvelle venue Attali l’intrigue. Mystérieuse, de deux ans son aînée, elle exerce sur la narratrice une fascination, un trouble. Fille unique de parents artistes très distants ("Il est évident que je n’appartenais pas à une famille normale"), elle subit ces années "L'impression que je garde est celle d'une stagnation". Car c’est la femme quarante plus tard qui raconte. Les plus jeunes et les moins dégourdies endurent une méchanceté qui dérive vers une forme de cruauté de la part des plus grandes.
    Le récit donne l’impression d’un établissement d‘une époque lointaine or nous sommes en 1973 quand les événements se produisent.

    Récit impeccablement maîtrisé où Isabelle Lortholary nous décrit admirablement la solitude, l’amour à sens unique, les émois de ces jeunes filles. Pas d’eau de rose, mais une écriture qui restitue avec précision et densité les émotions les plus complexes et ce, sans œillères.
    Un roman à l’atmosphère prenante devenu un livre hérisson !

    "La joie qu'on éprouve pour une douleur est pernicieuse, elle est empoisonnée comme une vengeance, elle n'est pas innocente, elle pervertit."