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    8 janvier 2010

    un essai humaniste

    Il n'y raconte pas la guerre, il la vit et la partage avec nous lecteur. On y côtoie des cadavres parcequ'il n'existe pas de guerre propre, on vit au rythme des bombardements. On croise sur notre route, différents personnages.

    Les miliciens croates ou serbes sont d'une déconcertante légerté. Ils sont souvent jeunes, avec une envie d'en découdre. Certains parfois viennent de loin (ex: Autralie), anciens légionnaires, ils n'auraient pas manquer cette guerre moderne pour rien au monde.

    Ils égorgent, torturent, assassinent, violent, mangent et boivent dans l'ordre que vous voulez. Les capitaines de ces petits escadrons mobiles ne sont pas plus réjouissants: le capitaine Dragan après avoir fait tuer tous les ours de Plivice en a cependant conservé un, qui aime à bondir sur tout étranger.

    Les diplomates français n'ont pas plus le beau rôle. Pétris de certitudes, ils analysent le conflit souvent bien loin de la réalité du quotidien des populations qui souffrent.

    On y découvre également des destins individuels: croates, serbes qui témoignent de l'absurdité des combats. On y aperçoit des prisonniers d'une autres époques et des images dont on a cru qu'elles étaient définitivement retournées aux oubliettes de l'Histoire: "des corps casés, trébuchants, tremblants de froid".

    "Il des guerres comme un incendie allumé par des mômes rageurs, une couverture aurait suffi pour l'éteindre le premier été, quelques canadair aurait suffi quelques mois plus tard. Désormais, il faudra attendre que les dernières poutres se consument pour s'apercevoir que les haines ethniques n'étaient pas plus vives ici que dans les pays voisins. Au delà des degrès de violence, la guerre vit dans une sorte d'autarcie mentale.

    Jean Hatfeld dit ces étincelles qui déclenchent la foudre. Il relate des situations absurdes. Celles où un jour des combattants ne savent même plus qui ils combattent, ou encore des ennemies de combat qui mangent dans un meme hotel un soir.

    Et puis, il y a les enfants, le secret des gamins. "Ces gamins de la guerre qui ne parlent plus aux adultes. Ces enfants de la guerre, ne sont pas des adultes miniatures. Ni enfants, ni adultes, ils ne peuvent plus communiquer qu'avec leurs pareils. Lorsqu'ils ne jouent pas à la guerre, ne parlent pas de leur guerre, ils attendent. Maitres du présent, il l'enfouissent dans eux mêmes."

    Certains passages sont durs, mais cette réalité est toujours décrite avec une certaine pudeur. Il est rare de trouver autant d'humanisme dans un essai qui semble vouloir deconstruire l'homme pour mieux le racheter.