Présence de la mort
EAN13
9782889072101
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
C. F. RAMUZ
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Présence de la mort

Zoé

C. F. Ramuz

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Le récent Don't look up, avec Leonardo di Caprio, où une comète s'apprête à
s'écraser sur la terre sans que personne n'y croie, pourrait largement s'être
inspiré de Présence de la mort. Voici un roman apocalyptique sur trente
chapitres : la fin du monde est annoncée à la suite de la chute de la terre
sur le soleil. Les habitants voient la chaleur augmenter inexorablement. Après
l'annonce initiale de la mauvaise nouvelle au monde entier grâce aux
télégraphes, chaque chapitre saisit un personnage ou un groupe de personnages
au moment de leur prise de conscience de leur mort imminente, lorsque leurs
habitudes, leurs croyances basculent devant l'évidence de la fin. Chacun meurt
seul, il se trouve isolé dans son corps. Toutes les conventions tombent:
meurtres, suicides nombreux, révolte. Seul à sa table de travail, au moment de
l'écriture, le narrateur-écrivain décline les principes de son art en une
véritable poétique, martelant devant la mort, l'amour de l'existence et la
beauté ontologique du monde. Les divers signes de paroxysme climatique ( lac
étouffé, incendie, fonte des glaces ) convoquent simultanément les deux lieux
typiques de l'univers de Ramuz: la montagne et le lac. Le dernier chapitre est
comme détaché de l'ensemble, comme un coup de théâtre: un couple d'hommes
entre dans la résurrection et reconnaît le monde où il a vécu son existence
corporelle. Est-ce un roman de science-fiction? Présence de la mort se
composent de tableaux ou de scènes selon une esthétique du montage proche des
techniques cinématographiques. L'intrigue progresse par gradation :
augmentation de la température, élévation spatiale du lac vers la montagne.
(En effet l'été de 1921 a des températures caniculaires avec un record à 38°
Ramuz s'est inspiré de ces circonstances pour cette fiction.) Les parallèles
entre les événements que décrit Ramuz et ceux que nous éprouvons aujourd’hui
en 2022 sont tels, qu’on croirait à de la prescience. En fait, l’écrivain est
si attentif aux comportements et réactions élémentaires de l’individu et des
foules que nos attitudes actuelles sont forcément incluses dans son
observation «Les grandes paroles invisibles allaient et se croisaient, qui
intéressaient tous les hommes; cependant aucun d’eux ne les entendit […]. «On
a vécu devant la beauté du ciel. […] Ce ciel remplaçait tout.» (Pdm, 231) «Une
crainte est née en vous : tout l’accroît. […] Elle passe de votre visage au
visage de la personne que vous venez de rencontrer.» (Pdm, 254) Charles-
Ferdinand Ramuz ( 1878-1947) est l’écrivain le plus important de Suisse
romande. Né à Lausanne, il fait des études de Lettres puis s’installe pour dix
ans (1904-1914) à Paris où il étudie à la Sorbonne, fréquente Charles-Albert
Cingria, André Gide ou le peintre René Auberjonois, écrit entre autres Aline
(1905), Jean-Luc persécuté (1909), Vie de Samuel Belet (1913). Dès ces
premiers textes, les thèmes ramuziens tels que la solitude de l’homme face à
la nature, l’amour et la mort, la nature personnifiée sont déjà présents. En
1906, il fait un premier séjour en Valais, à Chandolin. Il tombe amoureux de
la montagne. Jean-Luc persécuté est le premier roman dont la montagne est le
décor. Peu à peu, Ramuz abandonne la narration linéaire et la multiplication
des points de vue et adopte souvent un narrateur collectif et anonyme, « on ».
Ses romans parlent d’ordre et de transgression, de création et de destruction,
toujours d’amour et de mort. Son écriture audacieuse lui valent des critiques
de ceux qui lui reprochent d’écrire mal « exprès ». Dès 1924, Grasset publie
les livres de Ramuz et lui assure ainsi un succès auprès des critiques et du
public. Son œuvre est aujourd’hui publiée dans la collection de la Pléiade.
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